Accueillir la différence à Saint-Joseph de Parthenay
Le projet éducatif de l’école et du collège Saint-Joseph, sous Tutelle Sagesse St Gabriel, repose sur quatre piliers : Accueillir, Animer, Associer, Annoncer l’Évangile. Marie-Pierre Gilbert, chef d’établissement de l’école primaire a contribué, avec d’autres membres de la communauté éducative, à la création de ce projet, avant de partir en retraite cette année. Elle est directrice de l’école primaire depuis septembre 2004, après voir été enseignante dix ans dans le même établissement . Qu’elle le veuille ou non, elle a marqué Saint Jô de son empreinte : « Je crois que j’ai surtout essayé de professionnaliser la fonction de chef d’établissement du premier degré. On a aussi beaucoup travaillé en équipe sur l’accueil de tous les élèves, particulièrement ceux qui sont les plus fragiles. Dans une école chacun a sa place , chacun a son rôle : enseignants mais aussi aides maternelles, personnel d’encadrement et éducatif. Je ne cesse de croire à la force d’une équipe » Une des particularités de Saint-Joseph est d’accueillir des enfants en situation de handicap, de vivre en école inclusive. Marie-Pierre Gilbert explique la démarche : « Nous avons deux types d’accueil, les enfants qui fonctionnent en milieu ordinaire c’est à dire des enfants en en situation de handicap qui suivent les cours d’une classe ordinaire et les enfants qui sont en situation d’inclusion. Beaucoup bénéficient, selon les besoins, de la présence d’une A.E.S.H (Accompagnante d’Élèves en Situation de Handicap). Ces élèves sont dans un dispositif ULIS (Unité locale d’Inclusion Scolaire). Dans cette classe nous avons une enseignante référente, Stéphanie Bucelet, accompagnée de deux A.E.S.H, Rebecca Desiles et Lolita Avril. Cette classe accueille douze élèves âgés de six à douze ans en situation de handicap cognitif. Tous ces enfants seront inclus dans la journée en milieu ordinaire pour suivre l’un le cours de français, un autre un cours de mathématiques. Cette classe a été créée par la Direction diocésaine de l’enseignement catholique de Poitiers. Elle était avant à Notre-Dame de la Coudre et nous l’avons accueillie car
nous avions de nombreuses classes pour pouvoir inclure. L’équipe s’est formée et travaille beaucoup pour la réussite de ce projet. Cela représente beaucoup de travail de coordination, beaucoup de planning, beaucoup d’ajustements entre les enseignants mais cela apporte tellement de fruits. On retrouve des enfants qui vont de mieux en mieux alors qu’ils étaient en blocage scolaire, que certains avaient clairement peur de l’école et, aujourd’hui , ils progressent à petits pas. Nous avons aussi la chance d’avoir au collège un dispositif Ulis qui pourra les accueillir ensuite jusqu’au niveau du brevet. Nous travaillons étroitement avec l’équipe du collège. Nous avons la chance d’avoir dans notre équipe école des AESH de grande qualité comme Christine, Nicole et les deux Isabelle . C’est un travail d’équipe avec les enseignants concernés par l’accueil dans leur classe. Le but final est de faire grandir des élèves en confiance et de le faire progresser à leur rythme pour qu’ils deviennent des hommes et des femmes autonomes qui, demain pourront prendre leur place dans la société. »
Marie-Pierre Gilbert ne ment pas quand elle dit que ces enfants semblent heureux, il suffit de faire une visite dans la classe pour être convaincu. On est accueilli par des enfants souriants et qui n’hésitent pas à dire le plaisir qu’ils éprouvent dans cette classe . Très à l’aise, Zya se confie : « Je m’appelle Zya , j’ai onze ans et en fait la classe Ulis consiste à aider les enfants qui ont des difficultés comme se repérer dans l’espace, lire, écrire. Je vais aussi le matin dans la classe de référence pour le français, les sciences et le sport. » Joséphine , 10 ans déclare : « J’aime bien travailler avec Noah et la maîtresse dit souvent « Bravo pour ton travail ». Killyan , petit bonhomme en fauteuil roulant, est heureux de préciser qu’il suit les cours de « Questionner le monde « (Histoire-Géographie) , avec la classe de CP, ainsi que les mathématiques, discipline dans laquelle il réussit parfaitement bien. Stéphanie Bucelet, l’enseignante spécialisée, est la coordinatrice de ce projet au sein de l’école primaire. Elle se heurte certes à des difficultés: « La plus grande des difficultés c’est de permettre d’être en projet. Parfois il y a des élèves qui ont du
mal à s’impliquer et, c’est alors difficile de leur donner envie d’aller plus loin. » Mais elle connaît aussi la joie « de pouvoir observer, au bout de deux ou trois ans, toutes les marches que ces élèves ont pu franchir. Ils ont chacun un projet individualisé et on travaille en partenariat avec les parents et les centres de soins de façon à les voir toujours en progrès. Mes élèves participent tous à des projets de sport, de chants, de visites et ils sont tous inscrits dans une classe où il retrouvent des camarades sans handicap. Cette inclusion est fondamentale. »
Ainsi à Saint-Joseph, selon les engagements conformes au réseau Sagesse Saint-Gabriel, on accueille chaque élève dans sa singularité car la différence est source de richesse. L’inclusion permet aussi d’éduquer à la solidarité afin d’apprendre à tous les élèves à vivre en frères. « La fraternité ne se décrète pas, elle s’apprend » ,affirme-t-on dans cette école.
Y. Drillaud